Premier épisode sur Nintendo Game Cube et troisième Zelda en 3D, The Wind Waker est un opus qui marque une nette rupture avec ses prédécesseurs, ce qui a étonné et fortement divisé les fans de la saga lors de sa sortie. Il s’agit néanmoins d’un épisode riche en contenu et qui a fait les belles heures de la Nintendo Game Cube, ce qui lui a donné droit à une version « Haute Définition » sur Wii U dix ans plus tard.
Graphismes
Replaçons-nous dans le contexte de l’époque : nous sommes au début des années 2000, au début de l’ère de la Nintendo Game Cube. Les deux seuls Zelda 3D parus à ce jour sont les épisodes sur Nintendo 64, fortement acclamés à leur sortie en particulier pour leur univers gigantesque, sombre et réaliste, mais dont les graphismes aux polygones très marqués commencent à vieillir. Les fans espèrent alors secrètement une suite dans la même veine, exploitant la puissance graphique de la nouvelle console de salon.
Mais l’une des principales raisons pour laquelle The Wind Waker a divisé les fans est liée au contre-pied magistral que nous a offert Nintendo en 2003 : The Wind Waker abandonne le style graphique de ses prédécesseurs pour se doter d’un style « cartoon », riche en couleurs vives et animations inspirées des dessins animés. Il manquerait presque des onomatopées de type « BOOM » à côté de l’explosion d’une de vos bombes pour que l’immersion soit totale. Mais néanmoins, le constat est sans appel : c’est beau, très beau. Le style colle parfaitement à l’univers du jeu : des couleurs vives pour renforcer l’aspect paradisiaque des îles que vous visitez, des animations qui prêtent à sourire (essayez donc de botter le derrière d’un Moblin pour le voir sautiller de douleur), et surtout un très grand soin apporté à l’expression des visages des personnages.
Le recul nous permet aujourd’hui d’apprécier d’autant plus ce choix graphique : à l’heure de la Wii U et de la Nintendo Switch, The Wind Waker n’a pas pris une ride. La preuve : si le portage « Haute Définition » de 2013 profite d’une image beaucoup plus nette, devenue nécessaire sur tous les jeux qui sortent aujourd’hui, elle n’a eu recours à aucune réelle refonte graphique (contrairement à un Ocarina of Time 3D par exemple) et parcourir le jeu reste toujours un réel plaisir pour les yeux.
Musiques
Les musiques qui vous accompagnent tout au long du jeu sont excellentes. Encore une fois le jeu profite d’une bande originale entièrement orchestrée qui rythme toute votre aventure. Des airs sont même devenus cultes aujourd’hui : comment ne pas se rappeler de la musique de l’écran titre, de l’Ile du dragon ou encore de vos balades en mer ?
La bande son est également très riche et très soignée : qu’il s’agisse du son de vos lames, de la météo, du cri des monstres que vous affrontez, de votre bateau qui bâille en attendant votre retour, des jarres que vous brisez, du désormais culte « Thaaaaaank you ! » de votre cher marchand ambulant, ou encore des bombes que vous jetez dans une flaque d’eau… Tout y est !
S’il fallait mettre un bémol sur la bande son, nous le positionnerions sur les « chants » que Link apprend à interpréter avec sa baguette au cours de l’aventure. Ceux-ci restent bien moins mémorables que les airs joués à l’ocarina dans les précédents épisodes ou encore que la célèbre balade du poisson-rêve.
Scénario
L’aventure démarre sur une petite île d’un archipel, dans laquelle par tradition les enfants atteignant l’âge de 10 ans se voient offrir des vêtements en souvenir du « héros » qui aurait autrefois sauvé un royaume d’un terrible fléau.
Sans trop en dévoiler, nous voici avec un opus qui réussit à se greffer à la trame récurrente des Zelda tout en sortant des sentiers battus. Le scénario est à notre sens très réussi, riche en rebondissements et en clins d’œil aux précédents épisodes. Mais pour ces mêmes raisons, nous avons la conviction que The Wind Waker s’adresse en priorité aux joueurs ayant déjà une bonne connaissance de la série : il paraît difficile du point de vue de l’histoire de découvrir la saga en commençant par cet épisode tant son univers est éloigné et différent de celui des autres jeux.
Gameplay
The Wind Waker reprend la recette qui a fait le succès des derniers épisodes en date : un monde ouvert, une série de donjons à traverser, des trésors permettant de compléter son inventaire, des techniques de combats déjà approuvées dans les épisodes 3D… La prise en main est très intuitive et immédiate.
Et le lot de nouveautés est lui aussi conséquent ! Le monde dans lequel vous évoluez est un immense océan. Déjà à cette époque vous pouviez caresser le plaisir de sortir votre longue vue, zoomer vers une île au loin, puis embarquer sur votre cher bateau pour la rejoindre illico, le tout sans le moindre chargement du jeu. De très nombreuses quêtes annexes vous enverront rechercher des trésors cachés aux quatre coins de ce monde ce qui promet de nombreuses heures de jeu pour espérer le terminer à 100%. On appréciera également les métamorphoses de certaines de vos armes selon les circonstances : le grappin-griffe qui peut devenir une grue pour pêcher les trésors engloutis, ou encore la possibilité de tirer des bombes à l’aide d’un canon pour détruire des cibles distantes, pour ne citer que ces deux exemples. Enfin, comment ne pas mentionner la possibilité de désarmer vos ennemis pour ensuite les frapper avec leurs propres épées ? Un concept fort amusant qui sera laissé de côté pendant près de 15 ans…
Conclusion
The Wind Waker est une vraie réussite. C’est un jeu complet, riche, immersif que l’on prend du plaisir à parcourir et re-parcourir.
Parmi ses faiblesses on peut citer la durée de la quête principale, qui fait partie des plus courtes (ou plutôt des moins longues) tous Zelda réunis, ainsi que quelques longueurs liées au Gameplay, telles que les durées des voyages en mer, que la version « HD » sortie sur Wii U a tâché d’optimiser.
Néanmoins le jeu est extrêmement bien rythmé et équilibré, peut-être un des Zelda 3D qui arrive encore à bien doser la progression du scénario et la liberté d’évoluer comme on le souhaite dans un monde immense. Mention particulière pour la qualité de la bande son, digne d’un Zelda de ce nom.
17/20